Témoignage Oasis : "Ce n’est pas l’échec qui tue, c’est le silence qui l’entoure"

6 mai 2025

Chez Réseau Entreprendre Bruxelles, nous savons qu’entreprendre ne suit jamais une ligne droite. C’est pour cela que nous avons lancé OASIS, un programme confidentiel d’écoute, de soutien et d’orientation à destination des entrepreneurs qui traversent des moments de doute, de ralentissement ou de difficulté. Parce qu’on ne grandit pas sans obstacles, et parce que le plus dur, parfois, c’est d’oser en parler.

Parmi les partenaires de confiance qui font vivre ce programme, Xavier Van Ingelgem joue un rôle clé. Entrepreneur, juge consulaire au Tribunal de l’Entreprise Francophone de Bruxelles et homme de terrain, Xavier met son expérience au service des dirigeants en période de turbulence. Il apporte un regard lucide et bienveillant sur ce que vivent beaucoup d’entrepreneurs… souvent en silence.

Dans ce témoignage, il partage avec franchise les constats qu’il tire de ses nombreuses années d’accompagnement, les erreurs trop souvent répétées, mais aussi les outils concrets et les solutions qui existent à condition d’en parler à temps.

 
« Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine, elle est mortelle ». (P. Coelho)  

Mes expériences d’entrepreneur, au Tribunal de l’Entreprise Francophone de Bruxelles et chez Oasis me confirment qu’il y a une certaine constance chez les entrepreneurs/entreprises en difficultés.   Bravo à REB d’avoir initié ce programme OASIS car tous ou presque tous les entrepreneurs passent par des périodes de ralentissement, de doutes et de difficultés diverses. L’aspect humain est très important et même essentiel et je suis ravi de pouvoir apporter ma pierre à l’édifice de ce beau projet.     Les solutions ne sont pas toujours simples et souvent difficiles à mettre en œuvre mais elles existent et sont nombreuses.   Idéalement les entrepreneurs devraient mettre en place dès le départ de l’activité ou création de l’entreprise des outils indispensables. Ceci devrait d’ailleurs être contrôlé auprès de tous les Lauréats de REB.


   

1) PLAN FINANCIER

Pour commencer, il faut s’assurer que le plan financier et le business plan assurent suffisamment de fonds propres au départ pour couvrir plusieurs mois de frais fixes, en particulier s’il y a du personnel.


   

2) PACTE D’ACTIONNAIRES

S’il y a plusieurs associés, il est essentiel de rédiger un bon pacte d’actionnaire et prévoir le « worst case scenario » pour éviter les tensions ultérieures. En cas de litige, il existe une chambre de règlement amiable (CRA) dans les tribunaux de l’entreprise. Il existe également des médiateurs en matière civile et commerciale.


   

3) UN COMPTABLE COMPETENT

Un comptable compétent est essentiel. Il doit établir une situation mensuelle ou trimestrielle complète sans quoi l’entrepreneur ne pourra jamais gérer convenablement ni définir des objectifs. Assurer que les déclarations de TVA et ONSS soient réalisés et transmises et que le bilan et comptes de résultats annuels soient déposées à la Banque Nationale de Belgique en temps utiles. Attention de bien contrôler le travail du comptable et veiller à ce que les imputations soient correctes. Par exemple, sans justificatifs, le comptable aura tendance à imputer les dépenses en compte courant. Ceci sera très difficile à justifier au fisc et en cas de cession ou de faillite.


   

4) TABLEAUX DE BORD-TRESORERIE

Etablir un tableau de bord avec les chiffres clés de l’entreprise. Connaître son prix de revient, son « break even ». Veiller à l’encaissement des factures des clients, ne surtout pas laisser dormir les créances. Veiller à limiter les frais fixes. Une entreprise comme Emasphère, par exemple, permet de mettre en place des tableaux de bord en reprenant les chiffres comptables.


 
 

5) UNE BONNE GOUVERNANCE

Respecter la Bonne Gouvernance. Il est intéressant d’avoir dans son C.A. un administrateur indépendant qui assurera le respect de la bonne gouvernance. En résumé, la bonne gouvernance consiste à gérer l’entreprise avec éthique, transparence, responsabilité et efficacité en impliquant les parties prenantes.


   

6) ANALYSE DES RISQUES.

Méthode de gestion des risques qui consiste à anticiper ce qui pourrait arriver de pire pour mieux s’y préparer. Préparation de plans B, évaluer sa tolérance au risque pour prendre des décisions en adéquation avec le marché, produit...


   

QUID EN CAS DE DIFFICULTE ?

 

The Greatest danger in time of turbulence is not the turbulence ; it is to act with the yesterday’s logic. (Peter Drucker)   Beaucoup d’entrepreneurs ont connu des difficultés et beaucoup en sont sortis. Walt Disney et Henry Ford aux USA et Xavier Niel et Thierry Marx en Europe en sont des exemples qui ont réussi à rebondir.   Si une difficulté devait surgir, il est indispensable que l’entrepreneur/entreprise en parle le plus vite possible à des personnes en qui il pourra trouver confiance, bienveillance et conseils. Au sein du REB, il y a OASIS qui est un programme très efficace. Mais il y a d’autres organismes importants comme l’ASBL « un pass dans l’impasse » spécialisée dans l’aide psychologique aux entrepreneurs en difficultés.   Les problèmes peuvent être de toutes sortes mais c’est en général une grande fatigue morale de l’entrepreneur et/ou des difficultés de trésorerie qui permettent de les révéler.   Il existe une série d’aides aux entrepreneurs et notamment auprès du Tribunal de l’Entreprise Francophone de Bruxelles.


   

1) LA CHAMBRE DES ENTREPRISES EN DIFFICULTES

Une Chambre des Entreprises en Difficultés (CED) existe au sein du Tribunal. Elle permet d’établir un dialogue entre un entrepreneur en difficultés et un juge consulaire, appelé juge rapporteur qui est aussi un entrepreneur. La CED a accès à un nombre très important d’informations sur les entreprises et peut convoquer des chefs d’entreprises avant même qu’ils se rendent compte qu’ils sont en difficultés. En effet, quand on a le nez dans le guidon, il y a beaucoup de choses que l’on ne voit pas. Un dialogue se crée afin d’examiner les possiblités de s’en sortir et sauvegarder l’emploi.

Il existe même un outil d’auto-diagnostic qui permet de responsabiliser les dirigeants et faciliter l’auto-sauvetage. La CED peut proposer la nomination d’un praticien de la réorganisation en toute confidentialité. Tout ceci avant même les procédures de PRJ ou faillites. C’est bien la preuve qu’aujourdhui, la justice se veut proche de l’entrepreneur et qu’il ne faut pas craindre d’être convoqué au Tribunal de l’Entreprise par la CED. Ensuite, sans entrer dans le détail, il existe différentes procédures qui permettent de faciliter la réorganisation, le survie mais aussi la fin de l’activité.


   

2) LA PRJ PRIVEE

La procédure de réorganisation judiciaire privée permet d’offrir une solution confidentielle pour restructurer l’entreprise en difficulté. Elle peut être initiée par l’entreprise, un créancier ou un détenteur de capital. Le tribunal nomme un praticien de la réorganisation pour mener les négociatios et l’accord éventuel est homologué par le tribunal.


   

3) LA PRJ PUBLIQUE

 

La procédure de réorganisation judiciaire publique permet à une entreprise en discontinuité de négocier un plan de réorganisation avec ses créanciers, sous la supervision du tribunal et d’un juge délégué. Un plan de réorganisation est proposé à l’ensemble des créanciers et est soumis à leur vote.IL existe une procédure particulière de vote pour les grandes entreprises.


   

4) TRANSFERT SOUS AUTORITE JUDICIAIRE.

Cette procédure permet de transférer tout ou partie de l’entreprise à un tiers, afin de préserver les activités viables, avec une attention particulière à la protection des droits des travailleurs.


   

5) LES PROCEDURES DE FAILLITE.

Lorsque l’entreprise est en cessaton de paiement ET que son crédit est ébranlé, elle peut être considére comme en faillite.


   

5.1 PREPARATION PRIVEE DE FAILLITE (PRE-PACK)

 

Cette procédure permet de préparer, en toute confidentialité, la cession de tout ou partie des activités avant de déclarer la faillite. Une fois les conditions de la faillite constatées, le tribunal nomme un Curateur potentiel et un Juge Commissaire potentiel pour préparer la cession en tentant de préserver l’emploi et la valeur de l’entreprise. Une fois les accords signés avec le repreneur, la faillite est prononcée en audience publique avec reprise immédiate.


   

5.2 FAILLITE CLASSIQUE

Sur aveu des dirigeants ou sur citation par un tiers, la faillite est prononcée par le Tribunal. Les actifs sont alors vendus par un curateur sous la supervision d’un Juge Commissaire pour rembourser les créanciers.Le failli peut demander l’effacement des dettes résiduelles, sous certaines conditions.


 
 

5.3 DISSOLUTION JUDICIAIRE.

Lorsque l’entreprise déclare un aveu de faillite, elle peut dans le même acte demander la dissolution judiciaire. Cela permet d’offrir une alternative à la faillite pour les entreprises sans actifs et sans activité. Procédure plus rapide, plus simple et moins couteuse. Il n’y a pas de nomination d’un Curateur et d’un Juge Commissaire. En tout état de cause, il existe un organisme REVIVAL qui vient en aide aux faillis, de manière gratuite, pour les aider à rebondir. Les exemples les plus célèbres cités plus haut montrent que la faillite ou l’échec n’empêche pas de réussir et peut même faire partie du chemin vers le succès.


   

Quelques citations :

« L’échec fait partie de l’apprentissage. L’important, c’est de tirer les leçons pour mieux réussir ensuite ». (X. Niel) « Il ne faut pas avoir peur d’échouer, il faut avoir peur de ne rien tenter ».(J-A Granjon)